Bédu !

Parce que l'on a beaucoup pleuré et qu'on n'en a pas fini, parce que tu nous manques terriblement, parce que notre tribu x9 est amputée... on a décidé de nous adresser à toi comme on le faisait régulièrement lors de nos joyeuses virées familiales : avec humour et complicité. Parce que ce serait trop dur d'être sérieux, en raison de tout l'amour et de toute la tendresse qu'on éprouvait pour toi.

Alors :

Bédu, la breu dis ! On peut pas croire que tu te sois envolé si vite, sans prévenir, comme un lièvre qui détale dans un champ de navets (on serait les navets, tout blancs et incapables de bouger).

A l'annonce de ton départ, on était effondrés. Brisés. Pas fichus de rien sauf de pleurer. Et puis on a eu envie de t'engueuler. C'était une première, on ne l'avait jamais fait (bon si, ok, un peu et avec plaisir quand tu piquais des rondelles de saucisson à l'apéro alors qu'on n'avait pas encore fini de le couper). Parce que dans la douleur, on ne sait pas comment réagir. On pleure mais ça ne te fais pas revenir pas, alors on t'engueule... Con, va ! Tu ne nous envoies même plus de photos, pas un mot, silence radio ! Mais pas de changement. Alors finalement, on va prendre l'air au jardin et on réalise que tu es toujours là... Dans ce tourbillon d'oiseaux qui dansent sous l'orage, dans le vent qui bruisse dans le saule, dans le ciel vers lequel tu pointais sans cesse ton appareil photo pour saisir les avions ou les oiseaux...


 

Un tonton qui vous transmet son pouvoir d'imagicien en vous apprenant comment emmener les hérons sur la lune ou transformer les chevaux en licorne, ça ne peut pas disparaître comme ça. Mais la véritable magie résidait dans les relations et le profond respect que tu entretenais avec la nature, autant qu'avec l'humain, et c'est grâce à ça que tu ne pourras jamais disparaître.


Mais quand même... Bédu ! Ça fait mal, tu sais, Noël... Enfin non, tu ne peux pas savoir car ce n'est pas toi qui souffres de ton absence. Tu dois au contraire te sentir bien présent dans nos cœurs parce qu'on ne cesse de penser à toi et on n'a que des souvenirs heureux liés à un tonton et un beau-frère exceptionnel : humaniste, généreux, drôle... Je n'en jette plus car si tes chevilles enflent tu pourrais t'envoler une deuxième fois ! Quoi que non, justement : tu n'as jamais cessé d'être humble et discret. Ce sur quoi tu ne lésinais pas, c'était ton dévouement pour les autres, ta gentillesse tout en pudeur. Tu n'avais sans doute pas conscience de tes immenses richesses humaines et de tes talents d'artistes car tu t'appliquais à enrichir et encourager ceux des autres. Tu étais authentique, sincère et réfléchi. Toutes les qualités d'un chef de clan, solide et de confiance. Un patriarche qui a fondé une merveilleuse petite famille avec Isabelle et Marine, et à laquelle nous sommes fiers et heureux d'appartenir tous les six.

Dans notre immense chagrin, existe un immense bonheur : celui de tous les souvenirs heureux que l'on compte avec toi. Sans ombre. Ce qui fait que la lumière est plus forte, et on ne cessera jamais de l'entretenir avec Isabelle et Marine.

Comme le dit Nathan, tu existeras toujours à travers l'objectif de son appareil photo. Indéniablement, tu habiteras les images comme le vent habite la mer. Invisible mais toujours influent au cœur de nos balades, de nos pensées, de nos réflexions.

©Sous le Chapeau

Dis-toi bien qu'on n'a pas fini d'en faire des voyages ensemble, parce que c'était prévu ! Dans ton dernier message, tu me promettais même de nous emmener dans l'endroit secret où tu as vécu une fabuleuse histoire avec un de ces hérons qui te fascinaient tant. Nous aussi, on s'est promis de t'emmener dans plein de lieux, tous les neuf avec ta femme et ta fille. Il y aura toujours une tranche de sauciflard pas fini d'être coupé pour toi, une guitare qui vibrera de l'écho de ton talent, un poème qui fera résonner en nous les richesses de ton cœur, une vague qui rapportera le flot de tes plaisanteries. On t'aime Noël, et c'est éternel !